19 Avr 2024 Intelligence artificielle
*Un article exclusif de notre formateur Yann Fortier.
Les spécialistes autopatentés et les mitrailleurs de publications se réjouissent de l’arrivée du Messie numérique pour gruger jusqu’à le réduire en poudre l’os de la « Révolution ».
Ces érudits de la gâchette rapide multiplient les effets de toge à grands coups d’envolées textuelles, dans un univers où l’annonce de chaque nouvelle nouveauté innovante « va briser Internet ».
Féconds, ces gourous relaient des fonctionnalités qu’ils ne prennent visiblement pas toujours le temps d’essayer. Leur objectif? Relayer l’info rapidement, au détriment de la pertinence du contenu. Les plus audacieux manquent rarement l’occasion de recourir à une rhétorique-épouvantail : « Google est mort! », « Attention : ChatGPT a perdu! »
Cette course effrénée à la publication racoleuse s’apparente à une posture circassienne où sur un tricycle, un clown au large sourire apparaît scie en main. Prêt à couper n’importe quoi.
Pendant ce temps, sur le terrain des requêtes (prompts), l’une des approches conversationnelles conseillées consiste à camper ChatGPT et sa suite dans une théâtralisation où l’IA travaillerait mieux en lui disant « Tu es » plutôt que « Je suis ».
Exemple : « Tu es spécialiste en rédaction claire et simple » plutôt que « Je suis spécialiste en rédaction claire et simple ».
Subtil coup marketing? Toujours est-il que des millions de personnes divinisent à l’unisson l’outil omniscient, capable d’être tout à la fois. Durant ce temps, dans le monde réel, plusieurs fonctionnalités, plusieurs approches, sincèrement plus utiles que cette subtilité, passent trop souvent sous le radar.
Non. Jamais. Présentement, ma rédaction demeure supérieure à ChatGPT. Tendance observée : un peu comme certains client·es livrent des textes traduits par DeepL à des traducteur·trices pour leur demander de réviser et non plus de traduire (pour économiser), certains client·es voudront fournir des écrits dont le premier jet aura été généré par IA.
Ça m’est arrivé.
Bonne idée? Peut-être, mais pas maintenant.
Actuellement, détricoter un texte prérédigé par IA me demande plus de temps que de le rédiger. Sans parler de la double-vérification nécessaire pour m’assurer que l’IA n’est pas en train de dire n’importe quoi et/ou d’halluciner, avec son éternelle assurance princière.
Confession : en fait, je crains tellement qu’un·e client·e s’imagine que mon texte a été généré par une IA que j’ajoute de plus en plus de signes d’authenticité dans mes textes.
Ma réflexion et mes actions m’incitent même à développer des stratégies pour humaniser mes textes, je dirais comme jamais auparavant. Résultat? Cette contrainte m’amène à rédiger des textes encore plus engageants.
Dans cette foulée, les organisations doivent cesser de prétendre à l’authenticité, pour l’appliquer, réellement, dans leurs contenus. Partout, partout, partout. Du plus simple courriel au plus complexe rapport annuel.
Cette manière renouvelée de créer des contenus, dirons-nous encore plus sincères et spontanés, devrait s’illustrer par le choix des mots et par la tonalité.
Par l’oser-être et par l’oser-faire organisationnel.
À ce chapitre, je vous souhaite de passer à l’action. Et encore mieux, qu’on vous donne la latitude (pour de vrai!) de passer à l’action.
Certains médias semblent prêts à alimenter sans nuance le feu de l’IA, pondérant de manière similaire une étude obscure venue d’ailleurs, amplifiée par un titre accrocheur venu d’ici. Le tout amalgamé avec les opinions d’une fine tranche d’experts, dont certains paraissent soudainement chercher leur place dans la tempête.
En voici certains, tâtant à vide le brouillard en quête de la manette de frein du vrombissant train de l’IA, et ce, sous le couvert de la sanctifiée « Réglementation ». Ce qui n’arrivera tout simplement pas.
Tout le monde le sait, même si plusieurs volontaires font semblant de ne pas vouloir le savoir. Pendant ce temps, certaines organisations perdent des mois en tergiversations.
Aussi est-il insolite de voir certains créateurs du Grand Joujou le lancer dans le coin en boudant. Ce, en étrange synchronicité avec la contraction des précieux projecteurs, nourrissant leur raison d’être. Franchissant même le seuil de leur propre logique, en se dédisant : « Vous savez, c’était bien en 2021, mais là, il faudrait faire attention… »
Ma crainte réside davantage du côté des prises de décision à venir, au moment où les équipes TI devront acheter des licences d’utilisation. J’espère, mains jointes, que les organisations auront la sagesse d’écouter les besoins des équipes, pour ensuite trouver une solution TI réellement adaptée à leurs besoins, plutôt que d’adopter un choix TI, par la suite imposé à l’ensemble des équipes.
Et ça paraît. Pourtant, au Québec, la très nette prévalence des femmes dans les emplois liés à la communication, à la rédaction, à la traduction et à la révision est notable. Puisse 2024 créer un meilleur équilibre. Pour assainir et/ou nuancer les conversations. Coup de chapeau à Natacha Tatta et à Chloé Sondervorst, deux personnes à suivre pour la pertinence et le volume de leurs idées et de leurs initiatives, concrètes.
L’univers graphique accompagnant les publications liées à l’IA propose des images mystificatrices où le bleu électrique prédomine. Fusent ces dessins et illustrations où des humains abritent des cerveaux-charnières et où des androïdes abritent des cerveaux humains. Les yeux vides, tous manipulent des écrans semi-transparents, dans un environnement de science-fiction postapocalyptique.
Cette posture grotesque participe au recyclage infini d’une mythologie rentable. L’IA générative pour la rédaction, c’est superpuissant, certes. Or, en complexifiant sa réalité, à coups d’images évocatrices et de superlatifs, à commencer par ce risible mot, « intelligent », les entreprises concourent à une semi-psychose-numérique, aussi loufoque qu’inutile.
On relaxe. On s’amuse avec l’IA. Et pour ChatGPT et les autres outils en essor, si vous avez un ou plusieurs 20 USD par mois pour apprécier la performance d’un outil ne produisant pas de Grands Miracles, mais agissant comme un compagnon essentiel des communicants, ce à plusieurs étapes, de la stratégie au brief, de la livraison à l’approbation, alors bingo.
Car oui, les modèles « payants » performent mieux.
Pour compléter l’arsenal de vos talents et accélérer certaines tâches, l’essayer c’est l’adopter. Et s’adapter. Perso, je ne saurais me passer de Word et d’Antidote. C’est désormais, et pour toujours, la même chose avec l’IA.
ChatGPT et les autres modèles de langage du genre constituent une excellente nouvelle pour les professionnel·les d’expérience. Pourquoi?
Parce que nous sommes ici très loin d’une techno conçue pour les nouvelles générations.
En fait, c’est le contraire.
Ici, c’est un peu comme pépère qui pipe au bec arrive avec sa corde de bois dans l’pick-up, au moment où y commençait à faire frette dans la cuisine numérique.
Dans cette cuisine, pour allumer ce poêle à bois, la compétence compte.
Autrement dit, pour générer des réponses intéressantes, pertinentes et cohérentes, il faut savoir poser les bonnes questions. Évitez tout « Guide ultime des 20 000 Prompts qui vont changer ta vie ». Évitez les rafales de trucs cherchant à faire de vous un petit chien savant, voire une semi-machine.
L’intelligence humaine, le savoir-faire, le savoir-être et l’intuition basée sur l’expérience et la vision organisationnelle constituent un net avantage pour qui possède un bagage culturel, personnel et professionnel.
Donc si tu as 30, 40, 50, 60 ans, à ce jour, tu as une longueur d’avance. Conseil : ne la perds pas.
En matière d’aide à la rédaction, je suis extrêmement heureux pour les personnes dyslexiques et celles présentant des difficultés en littératie. Là, oui, c’est la Cour des Miracles. Et c’est fabuleux.
Sur le plan personnel, proposer une formation ChatGPT était une bonne idée. L’engouement est rapide et c’est un honneur de le faire via Formations Infopresse, en classes virtuelles regroupant des professionnel·les de partout au Québec et directement en entreprises.
Le défi est de taille : l’évolution continuelle et l’arrivée de nouveaux joueur·euses imposent au ou à la formateur·trice la contrainte d’être à jour, d’être minimalement crédible, et ce, sans ennuyer les initiés, larguer les débutant·es.
Durant quelques semaines à l’été 2023, après plusieurs mois d’utilisation, j’ai eu un léger passage à vide. Ai-je peur pour mon métier de rédacteur indépendant?
Ça dépend des jours. Ça arrive par vague.
Dois-je enfouir ma tête dans le sable?
Surtout pas.
La maîtrise d’un outil comme ChatGPT, c’est fort agréable. Or, l’exploiter à 10 % de son potentiel, c’est se priver de gains de performance significatifs et rentables sur le moyen-long terme.
À ce chapitre, espérons du réel, du simple, du concret. Moins d’esbroufe, moins de bruit, moins de grouillades.
C’est pour cette raison que depuis l’été 2023, mes formations ChatGPT/IA pour la rédaction visent le vrai, le terrain, les conseils pratico-pratiques:
Mon seul objectif? Aider les participantes et les participants à aller plus loin, grâce à plusieurs astuces et exemples ancrés dans la réalité et leur quotidien professionnel. À en tirer profit, plus rapidement, de matière pratique et tangible. L’idée est d’apprendre à pêcher plutôt que de livrer un sac de poissons congelés.
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Inscrivez-vous au Webinaire gratuit: augmentez votre productivité en marketing avec l’IA et ChatGPT le 16 mai prochain pour en apprendre plus sur les différents outils d’intelligence artificielle.