En octobre dernier, en collaboration avec le studio spécialisé montréalais Mirego, TV5 et sa chaîne parente Unis TV ont dévoilé un univers numérique transformé et marqué, entre autres, par un nouveau site web ainsi que des applications mobiles et tablettes. L’initiative s’inscrit dans une volonté générale de s’adapter à un environnement médiatique en pleine mutation et à une concurrence toujours plus féroce.
L’interface utilisateur propose une navigation plus fluide et intuitive. On y retrouve au-delà de 1200 heures de contenu gratuit, de même qu’un accès instantané aux contenus vidéo disponibles sur demande et aux grilles horaires de TV5 et d’Unis TV. De plus, il est possible d’y concevoir son profil pour personnaliser l’expérience de visionnement. Dans une seconde phase, d’ici la fin de l’année, trois applications télé (Android TV, Apple TV et Fire TV) seront lancées.
« Avec leur longue expérience en matière de production de contenu, les diffuseurs ne partent pas de zéro sur une nouvelle plateforme. »
« Notre dernière grande refonte remontait à 2014, lors de la naissance d’Unis, explique Benoit Beaudoin, directeur numérique de TV5. À l’époque, notre mandat venait de passer de celui d’un diffuseur international à celui d’un distributeur pancanadien de contenu. Nous avions alors mis l’accent sur la nécessité de mettre en place un hub avec des contenus de nos émissions. Aujourd’hui, ce modèle prend une autre forme, car nous nous positionnons comme un diffuseur public. Une des conséquences, c’est que l’importance ne repose désormais pas que sur les visionnements. Ainsi, si des productions touchent plus spécifiquement des auditoires situés dans les provinces maritimes ou dans l’ouest du pays par exemple, nous leur offrirons une place tout aussi importante sur nos plateformes.»
Défi technologique
Au-delà de ces considérations propres à chacun, les télédiffuseurs doivent ajuster leur offre non seulement sur le plan des plateformes, mais du côté technologique. « Les gens sont maintenant habitués à vivre des expériences utilisateurs très stimulantes, par exemple avec Netflix, indique Sébastien Morin, coprésident de Mirego. Par conséquent, cela oblige tous les diffuseurs à bâtir des plateformes de haute qualité technologique, tant dans la fluidité que dans les options de visionnement ou dans l’organisation des thématiques. Certes, l’offre de contenu doit être généreuse, mais il faut aussi penser à des aspects plus secondaires. Comme l’accessibilité facilitée que procurent les sous-titres ou encore la possibilité de ralentir une vidéo pour quelqu’un qui ne consomme pas un contenu dans sa langue première. »
Tabler sur les attributs
« Il faut bâtir des plateformes de haute qualité technologique, tant dans la fluidité que dans les options de visionnement ou l’organisation des thématiques.»
Si l’aspect technologique constitue un enjeu de taille, Benoit Beaudoin rappelle que le contenu demeure clairement le nerf de la guerre. «Netflix est universellement salué aujourd’hui, mais n’oublions pas qu’à son origine, c’était un simple distributeur postal de DVD, rappelle Benoit Beaudoin. Or, les diffuseurs, eux, ont une longue expérience en matière de production de contenu. Par conséquent, nous ne partons pas de zéro quand nous arrivons sur une nouvelle plateforme. La nouveauté principale à ce chapitre, c’est que l’éclatement de ces plateformes engendre une relation un à un avec l’individu.»
Cela dit, l’utilisation des diverses plateformes par les différents groupes d’âge étonne parfois. Ainsi, du côté de TV5/Unis, les 18-35 ans sont les plus présents sur le site web. De fait, la moyenne d’âge y est de 10 ans inférieure à celle qu’attire l’environnement télé. «En revanche, le segment 65 ans et plus est sorti fort que nous l'aurions imaginé pour les plateformes mobiles.»
«Nous avons regroupé les contenus sous des thématiques comme les voyages, la culture et les découvertes. Cela explique peut-être la présence de gens plus âgés, qui viennent y compléter un visionnement ou même revoir des émissions.»