«L’étiquette en entreprise est une notion très subjective»

Comment le numérique bouscule-t-il les notions de savoir-vivre en milieu professionnel ?

éviter les faux pas à l'ère du numérique, éditions la presse

Les changements se répercutent notamment dans nos relations de travail. Aujourd’hui, il n’est pas rare de voir un collaborateur envoyer un courriel en pleine réunion ou même répondre au téléphone au milieu d’une discussion. La faculté d’attention est en chute libre et, parfois, certains comportements peuvent être perçus comme un manque de respect vis-à-vis de la personne qui se trouve en face. Ces situations créent des biais de perception car les faux pas ne sont pas considérés comme tels par une majorité.

Par ailleurs, le numérique délie les langues très facilement. Les gens veulent faire valoir leurs opinions et cette liberté de parole s’exerce jusque dans la sphère professionnelle. On ne compte plus les situations embarrassantes qui en découlent.

Dans une entreprise, les employés sont issus de milieux et de générations très différents. La notion de respect n'est pas toujours la même, et celle d'étiquette est complètement subjective. Il est nécessaire de poser quelques balises pour éviter les débordements et les comportements gênants. 

Selon vous, certains sujets de discussion devraient rester à l’extérieur du bureau?

«La notion d’acceptable doit être partagée et acceptée de tous.»

Cela dépend du niveau de familiarité entre les employés. En règle générale, et même si la frontière entre le personnel et le professionnel est de plus en plus floue, il faut éviter d’aborder des sujets sensibles quand on connaît peu son interlocuteur.

La parole débridée peut vraiment créer un malaise. Des propos peuvent être pris à la légère par certains mais choquer d’autres personnes. Souvent, ces dernières n’oseront pas se défendre et la discussion créera un environnement toxique.

Dans un contexte où les règles d’étiquette ne sont pas clairement énoncées et où tout se joue dans le non-dit, certaines balises doivent être posées. Pour que la collaboration entre les employés se déroule le mieux possible, la notion d’acceptable doit être partagée et acceptée de tous.

Vous parlez du numérique qui «délie les langues». Les employés ont-ils intérêt à surveiller leur comportement en ligne, même en privé ?

«Il faut faire le deuil du personnel et du professionnel sur Internet.»

Il faut faire le deuil du personnel et du professionnel sur Internet. Nous vivons à une époque où la transparence est reine, où la première impression se construit souvent autour de sa présence numérique. Tout ce que nous publions tombe dans le domaine public, et il est illusoire de séparer le personnel du professionnel.

Bien entendu, pas question d’entraver la liberté d’expression, mais les employés doivent prendre conscience de cette réalité et agir en conséquence: travailler sa confidentialité mais aussi sa présence en ligne et faire du ménage numérique de temps en temps. Internet a une mémoire d’éléphant, et une image numérique, qu’elle soit personnelle ou professionnelle, peut avoir un impact extrêmement important.

La prolifération des outils de communication en ligne ne nuit-elle pas, paradoxalement, aux échanges professionnels?

Cela rejoint beaucoup la question des nouveaux comportements. Les façons de faire changent et, de manière générale, nous préférons écrire plutôt que de prendre la parole. Pourtant, à l’université, il n’existe pas de cours de communication écrite numérique. Alors chacun improvise, avec plus ou moins de réussite.

Lors d’une communication en face à face, de nombreux éléments entrent en jeu : le ton, la posture, le regard… Autant d’éléments non verbaux qui aident à faire passer un message. Dans une communication écrite, les mots doivent être finement choisis et maîtrisés pour éviter les malentendus.

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Renaud Margairaz est également formateur Infopresse. Pour retrouver ses formations, cliquez ici