Vie privée: comment les nouvelles normes d’Apple impactent-elles les marques?

Que signifient ces changements de directives pour les marques?

pierre-luc simard

mirego

Avec ces directives annoncées le 3 juin 2019, Apple accorde une plus grande priorité à la vie privée de l'utilisateur. Auparavant, les données collectées sans informations personnellement identifiables – telles que le nom de l'utilisateur, son adresse courriel ou son numéro de téléphone – étaient exemptées et ne demandaient pas explicitement une autorisation à l’utilisateur de l’application. La collecte ne nécessitait qu’une divulgation dans les conditions d'utilisation et dans la politique de confidentialité de l’application.

Cependant, avec ce changement, Apple indique aux développeurs d'applications que la collecte de données, quelle qu'elle soit, doit être effectuée avec le consentement de l'utilisateur. Cela signifie qu’il faut aussi dorénavant obtenir un consentement pour toute collecte effectuée par le biais de rapports de défaillances (Firebase Crashlytics, par exemple) ou par le biais d'une analyse de comportements (notamment avec Google Analytics ou Mixpanel). 

«Ce changement s’applique aux nouvelles applications ainsi qu’aux mises à jour d’applications existantes.»

Ce changement s’applique aux nouvelles applications ainsi qu’aux mises à jour d’applications existantes. Apple rejettera dorénavant toute mise à jour d'une application existante ou toute soumission de nouvelle application qui ne demandera pas l'autorisation de l'utilisateur avant de collecter des données anonymes. Et sans autorisation, la collecte de données anonymes devra être supprimée de l’application.

En quoi est-ce un changement important?

Le fait de permettre à un utilisateur de refuser de partager ses données anonymes réduit les informations dont l’entreprise dispose pour prendre des décisions importantes et éclairées pour le développement de son produit. La taille de l’échantillonnage de données disponibles s’en trouvera inévitablement affectée et certains comportements seront plus difficiles à détecter. Cela sera d’autant plus vrai pour les applications ayant des auditoires plus nichés.

Comment réagir?

La clé ici est de demander sa permission à l’utilisateur en lui expliquant clairement quel est l’usage prévu pour ses données. Plus les explications permettent de comprendre la valeur de partager ses informations et comment celles-ci seront utilisées, meilleures sont les chances qu’il consente. L’application du journal The Guardian en est un excellent exemple de cette pratique à mon avis.

«Cette évolution a du sens dans le contexte actuel.»

Chaque entreprise peut, via des tests utilisateurs, trouver la formule qui convient le mieux à son produit. Ensuite, il faudra comparer les statistiques d’installation disponible dans la console de publication de l’App Store avec les chiffres rapportés par les différents outils d’analyse pour estimer la taille des utilisateurs non représentés dans les données d’utilisation. On doit aussi surveiller les impacts de ces changements sur l’échantillonnage de données et en tenir compte dans l’analyse de la performance de notre produit à long terme.

Bien que les débuts risquent d’être inconfortables pour certains, cette évolution a du sens dans le contexte actuel. En effet, le respect de la vie privée est au cœur des préoccupations des internautes. Et comme les bons produits se concentrent sur les besoins de leurs utilisateurs – et que la confidentialité est une préoccupation majeure pour ces derniers –, les marques doivent s’adapter. Il s’agit d’un choix d’entreprise à faire, le respect des données de ses utilisateurs.

Est-ce que d’autres changements allant dans ce sens sont à prévoir?

«D’autres changements sont à venir dès le début de l’automne avec l’arrivée d’iOS 13 et du iPad OS.»

Tout à fait. Il ne s’agit que de la première partie des nouvelles mesures annoncées par Apple au WWDC. D’autres changements sont à venir dès le début de l’automne avec l’arrivée d’iOS 13 et du iPad OS, ayant, entre autres, un impact sur les API de localisation et de réseau utilisés dans les applications. Puis, il y aura aussi le fameux Sign In with Apple annoncé en juin, qui ajoute des fonctionnalités pour protéger la vie privée des utilisateurs. Sign In with Apple deviendra un requis pour les applications qui supportent déjà l’authentification par des tierces parties comme Facebook et Google. La date de lancement officiel et le moment où le requis de l’intégrer entrera en vigueur ne sont pas encore connus.