«Intégrer une stratégie à impact dans son entreprise est devenu un impératif»

Infopresse propose la formation Positionner l'impact sociétal au cœur de sa stratégie d'affaires, en collaboration avec Novae. Pour plus d'informations, cliquez ici

On parle beaucoup de l’engagement des marques et de la nécessité grandissante de se doter d’une culture d’affaires en phase avec les réalités sociétales et environnementales. Comment la stratégie à impact peut-elle répondre à ces enjeux?

«Nous sommes passés d'une thématique très RP à un modèle transversal imbriqué dans une stratégie d'affaires.»

Si la stratégie à impact était considérée, il y a une quinzaine d’années, comme un plus, il est désormais impératif que les entreprises l’intègrent dans leur organisation. Nous sommes en effet passé d’une thématique très relations publiques, très communication, à un modèle directement imbriqué dans les stratégies d’affaires, qui se répercute tant à l’interne qu’à l’externe. La stratégie à impact, c'est une culture qu’on décide de mettre en place dans l’entreprise pour s’assurer d’amorcer un processus d’innovation sociétale et environnementale qui sera ensuite déployée dans l’ensemble des départements.

Auparavant, faire les choses correctement représentait un bénéfice, une valeur ajoutée à l’entreprise. Aujourd’hui, c'est un impératif. Si une compagnie ne fait pas évoluer son modèle, les impacts peuvent être très négatifs. Employés comme consommateurs attendent d’une entreprise qu’elle s’engage en faveur d’actions sociétales et environnementales. Si une compagnie veut se positionner, elle doit mettre en place une stratégie et transformer ces défis en opportunités.

Mettre en place une stratégie à impact est aussi une affaire de crédibilité. Une structure qui se définit comme innovante ne peut pas attendre de se faire rappeler à l’ordre par la loi pour se conformer  à certaines règles.

Quelles grandes questions doit se poser une entreprise au moment de mettre en place une stratégie à impact?

Dans un premier temps, elle doit s’interroger sur son positionnement. Comment est-elle perçue sur le marché vis-à-vis de la concurrence, de sa communauté, de ses partenaires ou de ses fournisseurs? Ensuite, elle doit réfléchir à sa dimension RH. Comment est-elle vue par ses employés? Qu’en est-il de sa marque employeur? Est-elle attractive?

«Une entreprise ne peut pas se dire respectueuse de l'environnement et ne pas proposer de politique de gestion de ses déchets.»

De nombreuses entreprises sont aujourd’hui sans une logique de réaction sur ces sujets. Mettre en place une stratégie permet justement d’identifier les innovations d’affaires à impact, de prioriser et de mettre en place un plan cohérent, à l’interne comme à l’externe. Par exemple, une entreprise ne peut pas se dire respectueuse de l’environnement et, dans le même temps, ne pas proposer de politique de gestion des déchets à l’interne.

Quelle est l’importance de la formation dans la mise en place d’une stratégie à impact?

Les gestionnaires et décideurs ont besoin d’être éclairés sur les fondamentaux de la stratégie à impact, d’avoir une vision précise de ces notions, illustrée par des bonnes pratiques. Pourquoi adopter une stratégie d’affaires à impact? Quel est mon impact sociétal? Comment intégrer cette stratégie dans mes prises de décisions? Les questions sont nombreuses et la formation est un bon moyen d’y répondre.

Il est également nécessaire pour les gestionnaires et les décideurs de faire le point sur les nombreuses normes, logos et certifications qui existent et leur application. L’idée n’est pas de dire que l’une est meilleure ou plus populaire que l’autre, mais de cibler celle qui est la plus adaptée aux besoins de l’entreprise.

La formation amène un cadre de réflexion permettant de saisir les outils et les références nécessaires dans un processus d’innovation afin de les intégrer dans les processus décisionnels d’une organisation.

Pour découvrir la formation Positionner l'impact sociétal au cœur de sa stratégie d'affaires, cliquez ici

En couverture, de gauche à droite: Mickaël Carlier et Matthieu Salou.

Publicis, à l’image de nombreuses organisations, s’est engagée en faveur de la marche pour le climat, le 27 septembre 2019. Qu'est-ce qui a motivé la participation de l'agence à ce mouvement?

Marche pour le climat à Montréal, le 27 septembre 2019

Source: Twitter

De manière générale, une agence doit faire partie de tous ces mouvements. Notre travail reflète la culture, la société dans laquelle nous vivons. À nous de nous imprégner de toutes ces actions collectives. Par ailleurs, de nombreux employés de Publicis font partie de cette génération particulièrement investie pour le climat, pour qui l’engagement est très important. Enfin, j’ai deux enfants pour qui le climat est une préoccupation constante. Pour toutes ces raisons, la présence de Publicis à cette marche pour le climat était une évidence. 

En tant que présidente de l'agence, je voulais surtout donner les moyens aux employés d’exprimer leurs convictions. Après plusieurs discussions internes, nous avons décidé, en plus d’encourager la mobilisation des employés, de créer une dynamique pour toutes les agences. C’est pourquoi nous avons lancé l’événement thématique «La Planète s’invite en agence», pour faire passer le mot auprès de tous les professionnels du marketing et des communications.

Est-ce la première fois que Publicis s’engage pour une cause de société ou environnementale?

«Publicis est profondément ancrée dans notre société.»

Cette valeur est peut-être peu connue, mais Publicis est une agence engagée. Nous faisons beaucoup d’actions pro bono, nous nous investissons dans plusieurs associations. L’agence donne beaucoup de temps pour des causes publiques, car cela nous tient à cœur. Cette marche n’était pas qu’un coup d’éclat sans suite. Publicis est profondément ancrée dans notre société, et nous essayons de rattacher notre quotidien professionnel à nos valeurs. Bien sûr, tout n’est pas parfait et nous avons encore du chemin à parcourir, mais nous souhaitons être actifs pour faire bouger les choses. Nous entamons d’ailleurs un processus pour évaluer notre niveau d’implication sociale auprès de nos employés. Le but c’est de déterminer les sujets sur lesquels nous pouvons mieux faire. En outre, nous ouvrons la porte aux employés pour que ces derniers soumettent des projets de société sur lesquels ils souhaitent s’engager.

En quoi une agence peut-elle peser dans le débat environnemental?

«Avant d’être des dirigeants, nous sommes des citoyens.»

Avant d’être des dirigeants, des gestionnaires ou des employés, nous sommes tous des humains, des citoyens. Nous avons une responsabilité, comme tout le monde, envers notre famille, la planète et envers nous-mêmes. C’est même un devoir. Si nous sommes capables de faire un geste à notre niveau, le pari est réussi. C’est un enjeu d’autant plus fort lorsque nous représentons un groupement d’individus, comme dans une agence. 

Pensez-vous que, parfois, le monde professionnel est trop focalisé sur ses objectifs et ne prend pas assez le temps de relever la tête pour observer, analyser et s’engager pour des causes en lien avec ses valeurs?

«Nos valeurs humaines sont aussi, sinon plus, importantes que nos objectifs financiers.»

Absolument. En tant qu’agence, notre première mission est d’aider nos clients à atteindre leurs objectifs d’affaires. Publicis est également une entreprise avec des objectifs. Mais je ne pense pas qu’on puisse détacher ces derniers de la société dans laquelle nous vivons. Publicis est une entreprise faite de talents et de créativité. Nos valeurs humaines sont donc aussi, sinon plus, importantes que nos objectifs financiers.

Je souhaite que toutes les entreprises, peu importe le domaine, portent ces valeurs au cœur de leurs missions. Beaucoup le font déjà, même si elles ne communiquent pas activement dessus. L’engagement social est partagé par tout le monde, quel que soit le niveau dans l’entreprise. Nous ne pouvons pas être contre la vertu. Même si personne n’est parfait, chaque petit geste est important. C’est là-dessus qu’il faut insister. Cette marche pour le climat n’est pas une action pour se donner bonne conscience. Profitons de l’enthousiasme qui gagne le plus grand nombre pour faire changer les choses, en tant qu’agence comme en tant que citoyen.