La pause-café: utile ou futile?

​Loin d’être une perte de temps au profit des plus paresseux, la pause-café constitue une composante du monde du travail qui sert autant les employés que les employeurs.

84 % des employés estiment que la pause-café aide à réduire le stress.

«Une pause permet de créer des liens, car on y parle généralement d’autre chose que du boulot: plus récente fin de semaine, enfants, loisirs, etc., indique Mathilde Einhorn, présidente de ME Impact et spécialiste des communications internes en entreprise depuis plus de 15 ans. Or, plus le niveau de confiance est élevé entre les gens, moins ils se sentent menacés. Par conséquent, ils peuvent discuter de manière constructive en évitant de tomber dans la confrontation.»

La clé: la gentillesse

Sur ce plan, l’experte rappelle une des conclusions d’un projet mené par Google nommé Aristote et qui visait entre autres à établir le dénominateur commun au sein des équipes de travail efficaces et productives.

«L’ingrédient de base dans la recette du succès de ces groupes était la sécurité psychologique. Toutefois, pour que les gens se sentent en sécurité et non en confrontation, il doit exister entre eux un bon lien. Ils échangent alors plus librement et peuvent avoir de vraies discussions qui placent l’entreprise au cœur des préoccupations.»

Cette hypothèse se confirme encore aujourd’hui quand on voit que les employés qui se sentent socialement engagés au sein de leur entreprise montrent 20 % plus de chance d’y demeurer.

hervé Bellin

Nespresso

Découvrir l’inconnu

En cette ère de diversité et d'inclusion, les pauses-café au travail sont plus pertinentes que jamais croit pour sa part Hervé Bellin, vice-président de la division Nespresso Professionnel de Nespresso Canada. «Genres, origines, valeurs, générations: la différence est enrichissante, dit-il. Il est capital de réduire les distances entre les employés en encourageant les interactions en personne. Et quelle meilleure façon de connecter les gens qu’avec du café? La pause-café s’avère donc un moment rassembleur quotidien au boulot.» 

«Il est capital de réduire les distances entre les employés en encourageant les interactions en personne.» 

En 2014, le magazine Fast Company dévoilait pour sa part que les interactions en personne augmentent de 32% l’efficacité au travail, un résultat corroboré par l’enquête de ComRes. Celle-ci a observé que les entreprises qui mettent l’accent sur la collaboration constatent une amélioration de la productivité et de l’efficacité allant jusqu’à 520%.

Délaissez le téléphone pour quelques minutes

La créativité représente un autre attribut qui se trouve bonifié avec l’impact positif des pauses. Ainsi, deux employés sur cinq deviennent plus créatifs pendant les pauses-café, une donnée qui grimpe à 46 % lorsqu’ils disposent de café sur leur lieu de travail.

Attention, toutefois, car l’effet d’une pause ne doit pas être entaché par des irritants qu’on ne soupçonne pas. Un exemple à ce chapitre: selon une recherche dévoilée dans la publication Journal of Behavioral Addictions, utiliser un téléphone intelligent durant une pause, même de manière passive, empêche le cerveau de se reposer, allant même jusqu’à déclencher l’effet inverse.

utiliser un téléphone intelligent durant une pause, même de manière passive, empêche le cerveau de se reposer.

Dans le cadre de cette étude, les participants accompagnés de leur appareil durant leur pause ont ensuite mis 19% plus de temps à accomplir des tâches et résolu 22% de problèmes de moins que leurs semblables ayant pris la même pause, mais sans téléphone.

Bonheur, engagement, profitabilité

En bout de piste, les entreprises gagnent à instaurer des initiatives favorisant la collaboration, car 56 % des employés jugent que ladite collaboration est un facteur essentiel pour augmenter la profitabilité globale de leur organisation.
C’est que lorsque les gens ont l'impression de faire partie d’une équipe, ils développent plus d’inspiration. Celle-ci devient alors une source de bonheur et d’engagement pour eux en général. «Jadis, on valorisait les workaholics qui ne prenaient pas de pauses au quotidien et pas de vacances durant l’année, rappelle Mathilde Einhorn. Or, désormais, l’on constate que de tels arrêts ne sont pas nuisibles et que, au contraire, ils contribuent à l’efficacité professionnelle et profitent donc à l’employeur.»