Comment les entreprises québécoises vivent la légalisation du cannabis?

17 Oct 2019 ADP

Par : calixte@chromatic.ca
Comment les entreprises québécoises vivent la légalisation du cannabis?

elvira ciambella

adp

En juin 2018, quelques mois avant la légalisation du cannabis, trois CRHA (conseillers en ressources humaines agréés) sur quatre se disaient «préoccupés» par l’impact de cette mesure d’un point de vue professionnel, et 85% estimaient que cette légalisation aurait des impacts sur leur milieu de travail.

Seulement 7% des québécois pensent que le cannabis a un impact sur la PRODUCTIVITÉ ET L'ABSENTÉISME.

«Au moment de la légalisation, il y avait beaucoup de battage médiatique et d’avis négatifs sur le cannabis à usage récréatif, remarque Elvira Ciambella, vice-présidente implantation et directrice générale d’ADP Québec. Aujourd’hui, on remarque que l’impact sur la productivité, l’absentéisme, la qualité de travail ou même sur les incidents liés à la sécurité ou la santé est beaucoup moins important qu’anticipé». En effet, en 2018, 45% des Québécois estimaient que la consommation de cannabis en milieu de travail diminuerait la productivité et augmenterait l’absentéisme. Un an après, ils ne sont plus que 7% à soutenir cette affirmation.

Tolérance zéro dans certaines industries

Malgré la légalisation, peu d’organisations au Québec autorisent le cannabis récréatif pendant la journée de travail. 87% des Québécois déclarent que leur employeur ne l’autorise pas. «Nous sommes encore très tôt dans la légalisation, et il existe encore une réserve de la part des entreprises sur les effets du cannabis dans le cadre du travail. Dans certaines industries, comme l’aviation ou la sécurité, c’est tolérance zéro», analyse Elvira Ciambella.

Selon elle, les résultats de l’année prochaine donneront une indication plus fine pour savoir si les mentalités changent. À noter que, lorsque le cannabis est autorisé pendant la journée de travail, les Québécois consomment : 53% avant, 63% après et 47% pendant les heures de travail.

Trop peu d'entreprises mettent à jour leurs politiques 

36% des québécois affirment que leur entreprise a mis à jour ses politiques.

Pour la responsable d’ADP, le point de vigilance à retenir dans cette étude concerne la mise à jour des politiques des entreprises concernant l’usage du cannabis de façon récréative.  En effet, 36% des Québécois affirment que leur entreprise a mis à jour ses politiques depuis la légalisation. Un chiffre beaucoup trop faible pour Elvira Ciambella. «Les employeurs doivent communiquer leur position sur le sujet, mais aussi former les gestionnaires pour qu’ils puissent détecter et gérer les potentiels affaiblissements des capacités de travail. Tous les niveaux de l’entreprise doivent être sur la même position concernant l’usage du cannabis.»

Alors que le Canada légalise certains produits comestibles au cannabis ce 17 octobre, les entreprises seront, là encore, amenées à mettre en place des politiques très claires sur les consommations. «Toutes les entreprises doivent définir des règles précises sur le sujet. Si les informations manquent, les employés n’auront aucune politique à suivre, et les gestionnaires seront vite dépassés», estime Elvira Ciambella, avant d’ajouter que les employeurs doivent être «proactifs» sur le sujet.

aux employeurs d'être proactifs sur le sujet.

Une position qui rejoint celle du CRHA, qui préconise la sensibilisation des travailleurs, la formation des gestionnaires et l’implantation et la communication d’une politique en la matière. «Une bonne communication est indispensable afin d’assurer la compréhension, l’acceptation et le suivi d’une politique», indique l’organisation. À l’employeur de rappeler que l’obligation première d’un salarié est de fournir la prestation de travail à laquelle il est en droit de s’attendre et ce, même si l’entreprise tolère la consommation jusqu’à un certain seuil.

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Photo: Santé Canada

Pour télécharger le guide du CRHA «Comment s'adapter à la légalisation du cannabis dans les milieux professionnels», cliquez ici